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févr. 28, 2018

Critérium Île-de-France : Portraits croisés


Catégorie : Chronique
Posté par : jelhaik

Le critérium Île-de-France fait relâche pendant les vacances de février, avant d'entamer sa dernière ligne droite. Plutôt que de passer en revue la situation dans les différentes divisions (vous trouverez un résumé express en fin d'article), nous vous proposons aujourd'hui de partir à la rencontre de deux acteurs de la compétition : la championne de France +35 ans Maud Bailly, et le jeune joueur du Squash 95 Adrien Grasser.

Article de Jérôme Elhaïk

 

MAUD BAILLY, UNE RECONVERSION RÉUSSIE

Depuis quelques mois, elle figure au palmarès du championnat de France +35 ans, au côté de quelques grands noms du squash Français : Catherine Lebossé-Geling, Mylène De Muylder, et bien sûr Isabelle Stoehr. Après des débuts tardifs dans le squash, Maud Bailly a rapidement gravi les échelons, et fait partie du top 32 national depuis plus de deux ans. Rencontre avec la joueuse de l'équipe de Vincennes, très bien partie pour remporter le critérium chez les femmes.

Maud Bailly a terminé sur la plus haute marche podium du championnat de France vétérans l'année dernière à Bron (Crédit photo : Fédération Française de Squash)

Maud a débuté le squash en compétition à 34 ans. Quel avait été son parcours sportif auparavant ?

J’ai pratiqué l’athlétisme dès l’école primaire. Au départ, sur les conseils de mon médecin car je souffrais d’asthme d’effort. J’ai un peu tout essayé, sauf le fond : courir longtemps, ce n’était pas mon truc (rires). Pendant quelques années, je me suis spécialisée dans le 100 m haies et le saut en hauteur, discipline dans laquelle je compte quelques titres de championne de France (en minimes et en juniors). Mon dernier entraîneur était décathlonien, et m’a transmis sa passion. J’ai donc pratiqué l’heptathlon lors de mes dernières années. Ça n’est certes pas un sport collectif, mais pendant deux jours on vit avec ses adversaires, chacune ayant ses forces et ses faiblesses. Il se passe vraiment quelque chose d’unique entre les athlètes, qu’on ne retrouve pas sur les épreuves individuelles. Il y a une grande solidarité, l’objectif collectif étant de donner le meilleur de soi-même sur chaque épreuve et d’aller jusqu’au bout.

Avant de se reconvertir dans le squash, Maud a pratiqué l'athlétisme à haut niveau (Crédit photo : Maud Bailly)

En 2004, j’ai dû me faire opérer d'un genou, et la reprise de l’athlétisme m’a été vivement déconseillée. Pas facile à encaisser quand on pratique un sport régulièrement depuis 20 ans … J’ai donc dû chercher une autre activité, et pendant quelques années j'ai tatonné (natation, basket, etc.) sans en trouver une qui me plaise vraiment. Un jour, je discute avec une collègue de travail, elle aussi ancienne sportive. Elle souhaitait reprendre une activité et me propose le squash. On se rend au club de Vincennes qui était proche de chez nous, et pendant six mois on a fait du squash loisir toutes les deux. C'est alors qu'elle m'annonce qu'elle est enceinte, mais de mon côté j'avais envie de continuer. Je suis donc allée voir John Elstob, qui était à l’époque entraîneur au club. J’ai pris quelques courts avec lui, et il m’a mise en contact avec l’équipe 2. C’est à ce moment (en 2010), que l’aventure squash a commencé pour moi.

Maud est très attachée à son club, Vincennes

Vincennes est un des clubs les plus sympas d'Île-de-France, il faut le dire. Il y a beaucoup de joueuses, dont plusieurs de bon niveau. On n’hésite pas à jouer les unes avec les autres, ce qui crée une certaine émulation. Il y a aussi de nombreux hommes qui jouent régulièrement et sont prêts à taper la balle avec les filles. Autre facteur important, on peut facilement venir avec ses enfants. Enfin, et ce n’est pas anodin, on a la chance d'avoir un gérant (Laurent Gourrier) qui fait de son mieux pour créer un lien entre ses joueurs (et joueuses) et l'entraîneur, Malcolm Tullis. Malcolm est toujours au top : de bonne humeur, professionnel, motivé et motivant. Je me sens bien dans ce club et au sein de mon équipe, et j’ai donc toutes les raisons de répondre présente en critérium, chaque mardi ou presque ...

Maud est quelqu'un de discret, et de très calme sur le court. On l'entend rarement contester une décision d'arbitrage ou pester contre sa raquette après une faute. Estime-t-elle que ce manque d'agressivité peut la desservir ?

Effectivement, le squash nécessite d’avoir une certaine combativité, que je n’ai pas forcément développée au fil des années. Quand j’étais face au sautoir, j’étais concentrée sur moi, sur mon tempo, mon rythme, la barre, etc. Rien ne pouvait m’atteindre, si ce n'est le vent ou la pluie. Sur le court, il y a des contacts, des paroles, parfois des cris, des poings serrés, des bousculades. Ça m’a longtemps perturbée ! Donc oui ne pas utiliser cet aspect, qui fait partie du jeu, peut me desservir, mais ça me permet de rester concentrée. C'est vrai aussi que je manque un peu de confiance en moi, mais je progresse dans ce domaine (rires). Ce n’est pas seulement mon titre au championnat de France vétérans qui y contribue, mais aussi chaque petite « victoire » : un point bien construit, un jeu ou un match gagné, etc.

Il peut arriver à Maud de demander des explications à l'arbitre sur une décision, mais toujours avec le sourire (Crédit photo : Nicolas Barbeau)

Maud est classée première série depuis maintenant trois ans, quelle est sa fréquence d'entraînement pour se maintenir à ce niveau ?

J'ai une séance individuelle toutes les semaines avec Malcolm, j’en ressors souvent en ayant l’impression d’avoir encore tellement à apprendre (rires) … Je planifie également un entraînement le week-end avec différents partenaires en fonction des disponibilités de chacun. Et depuis le mois de septembre, je fais une séance de biking par semaine et je suis sparring-partner de Cléo Jahard (NDLR : championne de France -15 ans en 2016, et qui participera dans quelques semaines à son premier championnat de France senior, à seulement 15 ans).

 

ADRIEN GRASSER, ENFANT DE LA BALLE

Il y a moins d'un an, Adrien Grasser n'avait encore jamais fini dans le top 10 d'un championnat de France. Depuis, il a été demi-finaliste au 2ème série, puis chez les – 19 ans. Décryptage de la progression fulgurante du joueur du Squash 95.

Adrien est ce qu'on appelle un joueur multi-raquettes

J’ai commencé le squash très jeune. À l'époque, mon père tenait le club de Saint-Cloud et c'est tout naturellement qu'il m'a inscrit au squash. Le reste de ma famille était plutôt orientée vers le tennis, j'ai donc longtemps pratiqué les deux sports simultanément. C'est seulement cette saison que j'ai arrêté le tennis, et même si je suis encore classé 15/1, je ne souhaite plus faire de tournoi. J'ai également fait du tennis de table et du badminton, pendant un an.

Adrien Grasser est également un très bon joueur de tennis (Crédit photo : Adrien Grasser)

Pour les raisons évoquées plus haut, il a disputé beaucoup moins de championnats de France et de tournois européens que les autres jeunes de sa génération. Comment Adrien explique-t-il sa progression et ses bons résultats récents ?

Ça fait environ quatre ans que je me suis véritablement mis au squash. Auparavant, je jouais plus pour m’amuser qu’autre chose, seulement deux fois par semaine (et encore, si mon père pouvait m’emmener). Le fait de commencer à jouer chez les adultes m’a donné envie de m’investir davantage, et de redoubler d’efforts sans pour autant me mettre de pression particulière. Encore aujourd'hui, je ne me fixe pas de véritables objectifs ni de limites. Le travail finit toujours par payer, et je m’entraine avec des personnes rigoureuses qui font tout pour m’aider à progresser.

Adrien Grasser, ici face à Aurélien Gontero lors des qualifications au championnat de France (Crédit photo : Nicolas Barbeau)

Adrien a récemment réalisé deux grosses perfs en critérium, contre des joueurs – Enzo Corigliano et Lucas Vauzelle - qui l'avaient nettement battu lors de la première partie de saison.

J'avais été plus étonné de la correction que j’avais prise par Lucas, car Enzo est encore bien supérieur à moi. D'ailleurs, je tiens à préciser que le contexte de ma victoire contre lui était particulier, car il était diminué et sa blessure s'est aggravée au fil du match. Même si j'ai bien joué, le score aurait été bien différent dans d'autres circonstances. Contre Lucas, j’étais très motivé car ma défaite de la rencontre aller m’était restée en travers de la gorge, et je voulais à tout prix prendre ma revanche. De plus, il m'a entrainé pendant quelques années, donc il me connait bien mieux que je ne le connais... Ce match constitue une référence pour moi : cettte victoire matérialise les progrès réalisés, contre un très bon joueur qui ne perd que très rarement en critérium.

Contrairement à la plupart des autres jeunes de son niveau, Adrien ne fait pas partie d'un pôle – il suit un BTS Management des Unités commerciales – mais s'entraîne au Squash 95, un club réputé pour la formation des jeunes.

L'ambiance au sein du club est super, ça donne vraiment envie de s’entraîner. Les joueurs essaient toujours de se rendre disponibles, notamment pour les jeunes qui sont clairement la priorité du club. La progression de nombreux jeunes du Squash 95 est en grande partie due à notre entraîneur Mehdi Renai, que beaucoup considèrent comme l'un des meilleurs en France. Personne au club ne dira le contraire ! Il trouve toujours quelque chose à corriger, ce qui permet de se remettre en question et de constamment évoluer. Avec lui, l’entrainement sert toujours à quelque chose. Rien n'est jamais acquis et il nous montre qu’on est encore loin de tout savoir. En tous les cas, il y a de nombreux jeunes qui arrivent et il faudra les surveiller au cours des prochaines années (NDLR : on pense notamment aux sœurs Guyot, qui ont à tour de rôle fini troisièmes du championnat de France -11 ans. La cadette Sarah est seulement âgée de 8 ans !).

Adrien fait partie de l'équipe masculine du Squash 95, aux côtés de son entraîneur Mehdi Renai (ici lors de leur titre de champions de France Nationale 3 en 2016) (Crédit photo : Squash 95)

 

FLASH RÉSULTATS

En D1 hommes, Saint-Cloud – et sa recrue en provenance de Jersey, Charlie Griggs - est en tête mais avec deux rencontres de plus que Créteil qui est toujours invaincu. La rencontre du 13 mars entre les deux équipes aura son importance, même si Vincennes n'est pas encore complètement hors course. Battu quatre fois en 2018, le PUC a sans doute perdu son titre. En bas de tableau, Montmartre est quasiment condamné et l'autre strapontin se jouera entre les Ulis et Chaville. 

Charlie Griggs - ici lors du tournoi PSA sur son île de Jersey - est venu renforcer les rangs de Saint-Cloud depuis de le début de l'année 2018 (Crédit photo : SiteSquash)

En D1 femmes, Maud Bailly et Vincennes ont fait un grand pas vers le titre (qui serait leur premier depuis plus de dix ans), en battant Saint-Cloud hier lors d'une rencontre en retard. Les Seinte-et-Marnaises ont simplement besoin d'un match nul contre Jeu de Paume 2 mardi prochain, pour être sacrées avant même la dernière rencontre contre leurs poursuivantes (Chaville) le 13 mars. --- En D2 hommes, OSS Saint-Cloud et le Cygne caracolent en tête de leur poule et ont un pied et demi dans l'élite. La lutte pour les places de barragiste et le maintien est encore très ouverte, même si sauf miracle Sannois et Montreuil 2 descendront en D3. --- En D2 femmes, les deux favoris – Pyramides et Oxygène – ont creusé l'écart et pourraient se retrouver pour une « finale » le 10 avril. --- En D3 hommes, Esam Squash, Oxygène 2, Saint-Cloud 2 ont certes perdu leur invincibilité mais sont toujours nettement en tête de leur poule, tout comme Vincennes 3. --- En D4 hommes, Vincennes 5 est toujours invaincu dans la poule D (15 victoires en 15 rencontres), c'est plus serré dans les deux autres (dont les leaders sont Total Elf Squash et Quartier Latin). --- En interentreprises, Safran Squash s'est offert un cinquième titre consécutif en battant ASTC le 14 février. Champions de D3 la saison dernière, Coseg Renardières est bien parti pour connaître une deuxième accession de suite et rejoindre la D1.

Nous ferons un nouveau point avant le début des barrages (au mois de mai). Pour suivre les résultats du critérium :

Critérium hommes

Critérium femmes

Interentreprises