Vous êtes ici : Accueil

Bienvenue à toutes et à tous

oct. 11, 2017

Le critérium et ses petites histoires


Catégorie : Chronique
Posté par : jelhaik

C'est parti pour neuf mois de compétition ! Le critérium Île-de-France a repris ses droits début octobre, et comme tous les ans ce sont plus de 150 équipes qui se retrouvent du mardi au jeudi sur les parquets Franciliens. Tour d'horizon de cette véritable institution en quelques points.

Article de Jérôme Elhaïk

LA SAISON EN QUESTIONS

La saison dernière, les garçons du Paris Université Club avaient mis fin à un long règne du duo Jeu de Paume – Vincennes. Johan Bouquet et sa bande peuvent-ils rééditer cet exploit ? Les défaites initiales contre Créteil et Saint-Cloud semblent indiquer le contraire, mais les Pucistes avaient également commencé par deux revers en 2016-2017 … avant d'aligner 20 victoires consécutives ! Avec une équipe stable, renforcée par le jeune Joshua Jacques Phinera (n°3 français en -17 ans), ils semblent capables de jouer à nouveau les premiers rôles. Leurs principaux concurrents ? Le Jeu de Paume, avec la fratrie Mandil mais aussi l'Américain Philip Sopher, de retour après quelques apparitions en 2011-2012. Vincennes, avec un effectif quasi-inchangé, hormis l'arrivée de Ludovic Chauvin en provenance de La Réunion. Attention également à Saint-Cloud, qui a très bien recruté en compensant les départs de Kévin Quintard (La Réunion), Frédéric Weisz (OSS Saint-Cloud) et Vincent Coutansais (Nantes), par les arrivées de deux joueurs expérimentés - Diego Algarra (Stade Français), et Thierry Scianimanico, de retour en Île-de-France après une année à Montpellier – et du jeune Antoine Riehl (en équipe 3 la saison dernière). Créteil présente largement le meilleur effectif sur le papier, mais est dépendant de la présence de ses joueurs et joueuses professionnels. Après deux journées, ces quatre équipes occupent d'ailleurs la tête du classement.

La division 1 hommes s'annonce plus ouverte que jamais cette année (Crédits photo : Nicolas Barbeau, sitesquash, PUC, US Créteil Squash)

Certains d'entre vous se sont peut-être étonnés de ne plus voir en D1 le nom du Stade Français, membre historique de l'élite. « Suite au départ de l'Australien Ebenezer Swan, qui nous avait filé un bon coup de main la saison dernière, indique l'ancien capitaine Pierre Lombard, on avait alertés le nouveau bureau de l'association sur la nécessité de recruter pour pouvoir exister en D1. Mais il y a eu des divergences d'opinion à ce sujet, et l'équipe n'est donc pas reconduite. C'est dommage mais c'est comme ça. » Chaville en profite doublement, en étant repêché en D1 (place dans un premier temps refusée par Verrières) et en récupérant plusieurs joueurs Stadistes : Lombard (actuellement blessé à l'épaule), mais aussi Nicolas Coquelet-Domart et Alexandre Musset. Des renforts indispensables pour envisager de se maintenir dans l'élite. Le maintien, les promus de Montmartre auront bien du mal à l'obtenir ; avec le départ de leur Néerlandais Christoph Winzer, ils ne comptent dans leurs rangs aucun joueur classé deuxième série. Autre équipe en provenance de D2, les Pyramides semblent mieux armés avec leur trio Escolan – Dowsdewell – Conty. Outre Coutansais, deux autres joueurs Franciliens ont fait le chemin vers Nantes : Gabriel Boulanger (Squash 95) et Driss Mazhar (Les Ulis). En contrepartie, le club de l'Essonne retrouve Maxime Moriamez, qui était à l'étranger la saison dernière. Ex-coéquipier de Mazhar à Verrières, Guillaume Mauroy quitte son club de toujours pour renforcer les rangs de Montigny. Au rayon des curiosités, on note l'arrivée de Thomas Sonnenschein dans l'équipe 2 du Jeu de Paume. Le Belge – qui a porté très longtemps les couleurs de leurs rivaux de Vincennes - est connu pour son jeu d'attaque à tout va.

La jeune Cléo Jahard sera l'atout majeur de Vincennes (Crédit photo : Nicolas Barbeau)

Sur les 16 premières séries féminines d'Île-de-France, 10 évolueront cette saison chez les hommes. Notamment l'intégralité de l'équipe du Squash 95, quasi-imbattables depuis trois saisons (voir ci-dessous À L'HEURE DE LA MIXITÉ). Ajouté à cela quelques départs importants (les sœurs Delavison à Saint-Cloud, Marion Gayot et Sarah Moineau au Jeu de Paume, etc.), le nivellement des valeurs est incontestable en D1. Les filles de Vincennes semblent néanmoins favorites sur le papier, avec leurs deux championnes de France, Maud Bailly (+35 ans) et Cléo Jahard (-15 ans). Les Val-de-Marnaises ont d'ailleurs affirmé leurs ambitions en s'imposant au Stade Français lors de la première journée. À l'issue des deux premières journées, trois autres équipes ont remporté toutes leurs rencontres : le PUC, Chaville et Saint-Cloud.

 

À L'HEURE DE LA MIXITÉ

Ça ne vous a sans doute pas échappé : poursuivant un mouvement impulsé depuis 2014, la Fédération Française de Squash a décidé d'aller plus loin en termes de mixité. Depuis la rentrée, un classement unique a été mis en place. « Cela signifie que désormais, les victoires significatives sur une rencontre mixte sont comptabilisées, ce qui n'était pas le cas auparavant, » indique le président de la Ligue Île-de-France, François Prince. Avec ce changement, mais aussi la perspective de s'endurcir au contact des hommes, les joueuses sont de plus en plus nombreuses à franchir le pas : en 2014-2015, cinq filles, Camille Serme en tête, disputaient le critérium chez les hommes. Elles seront quinze cette année : dix à Créteil (dont la recrue Noellie Boden, en provenance de Gradignan), quatre au Squash 95 (voir ci-dessous), mais aussi la Vincennoise Alienor Daugreilh en D3.

Les filles de l'US Créteil disputent le critérium chez les hommes (Crédit photo : FFSquash)

« Il y a quelques années, j'avais demandé que les femmes puissent jouer avec les hommes en compétition, » affirme le responsable du pôle France de Créteil Philippe Signoret. « Un test avait été effectué, mais avait été rapidement abandonné. Depuis trois ans, cette règle a été de nouveau instaurée et même étendue. C'est un succès ! Les mentalités ont évolué, peut-être en partie grâce au niveau et du professionnalisme des filles … Nous donnons une superbe image de notre discipline aux yeux du ministère, des médias, mais aussi des clubs qui ne cessent de rechercher des joueuses pour leur tableau masculin. Pour les filles, disputer des matches face aux hommes présentent de multiples avantages. 1) casser la routine du circuit féminin où elles se connaissent toutes par cœur, 2) devenir plus endurantes car les échanges sont forcement plus longs, 3) s'obliger à être précise pour annihiler la puissance des hommes, et 4) mieux gérer les contacts qui sont plus fréquents et parfois plus rudes chez les hommes. Sur le plan tactique, les meilleures doivent chercher à rivaliser avec les hommes en jouant leur jeu, afin de progresser en termes de vitesse et de puissance. Mais aussi en jouant un jeu plus adapté, avec beaucoup plus de variété. Les deux sont source de progrès ! »

C'est le cas aussi du Squash 95, où Maëlle Fuhrer et Océane Michelot ont rejoint Julie Rossignol (au centre) (Crédit photo : Squash 95)

Dans le sillage de Créteil, le Squash 95 a engagé cette saison une équipe en D2 hommes avec ses quatre meilleures joueuses. « Comme l'équipe de D2 n'était plus d'actualité pour cause de blessures ou de départs, indiquent en cœur le capitaine Antoine Fuhrer et sa sœur Maëlle, notre entraîneur Mehdi Renai a eu l'idée de former une équipe avec principalement des jeunes. On a été immédiatement emballés par cette idée, car on se connaît tous depuis longtemps et il y a une super ambiance. » « Une équipe 50 % masculine et 50 % féminine, ça rappelle les Interclubs en jeunes, c'est sympa, » indique Océane Michelot. « Les filles sont d'ailleurs les quatre mieux classées, » précise Antoine. « Autrement dit, elles sont les patronnes de cette équipe (rires). Plus sérieusement, l'intérêt est aussi qu'elles puissent avoir des matches intéressants de manière fréquente. » Elles étaient toutes alignées lors de la première journée contre Montreuil (défaite 3-2), avec une défaite 12-10 au 5ème jeu pour Julie Rossignol contre Laurent Addi (ancien n°33 français), et une victoire – également en cinq jeux, pour Maëlle. Son adversaire, Xavier Lacarelle, affirme avoir trouvé cette rencontre « super sympa, même si j'ai perdu mon match... » « En effet, nos adversaires avaient l'air ravis de jouer contre des filles, » selon Maëlle. « Maintenant, il faut que les résultats suivent ! » L'équipe du Val-d'Oise a ouvert son compteur cette semaine, en battant Sannois.

 

LA MINISTRE À CRÉTEIL

La nouvelle n'est pas passée inaperçue, sur fond de possible inclusion du squash aux Jeux Olympiques de Paris 2024 : le mardi 3 octobre, la ministre des sports Laura Flessel était au Centre Sportif Marie-Thérèse Eyquem de Créteil, à l'invitation de la Fédération Française de Squash. Elle y a assisté à la rencontre du critérium entre l'équipe locale et le PUC, plus spécialement au match entre Camille Serme et Johan Bouquet. L'ancienne championne olympique d'escrime a d'ailleurs confié à la numéro 1 française qu'elle avait pratiqué le squash pendant sa carrière, en raison des bénéfices en termes d'endurance et de réflexes (Source : www.worldsquash.org). L'objet de sa visite était également de rencontrer les instances, représentées par Jean-Denis Barbet et Jacques Fontaine (respectivement présidents de la FFSquash et de la World Squash Federation). M. Fontaine a d'ailleurs déclaré : « Nous espérons que notre rêve olympique se réalisera ici à Paris en 2014, et nous remercions Madame la ministre de sa visite et de l’intérêt qu'elle nous porte. »

La Ligue Île-de-France et son président François Prince (à gauche) ont reçu la ministre des sports Laura Flessel à Créteil il y a quelques jours (Crédit photo : FFSquash)

 

L'ENVERS DU DÉCOR

François Prince est depuis quelques mois à la tête de la Ligue Île-de-France. Alors président, ça représente quoi le critérium pour la Ligue ? « Tout d'abord, un énorme travail de préparation et d'organisation ! Il faut que les joueurs et les clubs se rendent bien compte qu'établir des poules et un calendrier cohérents pour une telle compétition, c'est une tâche d'une extrême complexité. On a recours à plusieurs logiciels afin d'analyser les données et de tenir compte de toutes les contraintes : la géographie (l'Île-de-France compte 8 départements), le nombre de courts des clubs hôtes, les demandes spécifiques des clubs etc. L'organisation et le lancement du critérium est donc l'activité principale de la Ligue en début de saison. Le critérium est évidemment très important pour tous ses acteurs. C'est la plus grosse compétition dans le squash français, puisqu'elle regroupe plus de 150 équipes et 1500 joueurs et joueuses. Elle génère un énorme engouement au sein des clubs, et on se rend compte en discutant avec les gens qu'accéder au niveau supérieur ou se maintenir, c'est très important. En ce qui me concerne, j'y participe en tant que joueur depuis longtemps. Je joue depuis cette année au Stade Français, après l'arrêt de l'ASPTT où j'ai évolué pendant 3 saisons. Sans oublier le championnat interentreprises avec la Société Générale. Normalement j'évite de le faire, mais il peut m'arriver d'enchaîner deux rencontres le mercredi et le jeudi en fonction des blessés et des absents. C'est sûr qu'avec les déplacements, ça peut devenir très prenant ... »

 

LE SQUASH N'A PAS D'ÂGE

Le critérium IDF, ce sont donc des rencontres mixtes, mais aussi transgénérationnelles. Pour les meilleurs jeunes de la Ligue, cette compétition est une belle opportunité de se frotter à des adultes toutes les semaines. À l'image du jeune joueur du PUC Joshua Jacques Phinera, qui s'est incliné avec les honneurs contre Sohail Khan et Thierry Scianimanico lors des deux premières journées. On y retrouve d'autres joueurs de la génération 2002-2003 : Antoine Riehl (Saint-Cloud), les frères Benamran (Raphaël et Maxime) à Oxygène, et les Vincennoises Cléo Jahard et Zoé Faure. Du haut de ses 14 ans, cette dernière est la cadette parmi les quelques 1500 participants au critérium. Jeune, Jean-Claude Maugère l'est encore dans sa tête, mais aussi dans son corps. Le joueur du Squash 95, vice-champion de France +70 ans cette année, va fêter ses 73 ans dans quelques jours. Il a ouvert pour nous sa boîte à souvenirs : « Je suis capitaine au Squash 95 depuis le début des années 90. À l’époque, l’organisation du critérium n’était pas informatisée : on communiquait les résultats juste après les rencontres sur le répondeur de la Ligue, et pour consulter les classements, il y avait le minitel… Le niveau des joueurs a bien évolué aussi. Les débutants étaient de véritables novices, et on faisait des services sympas pour qu’il y ait quelques échanges. Par contre, il y avait davantage de clubs et d’équipes : six ou sept poules en quatrième division, si ma mémoire ne me trahit pas.

Soixante ans de différence d'âge entre Zoé Faure et Jean-Claude Maugère (en bleu sur la photo à droite), mais la même passion (Crédits photo : Nicolas Barbeau, FFSquash)

Curieusement, j'ai peu d'anecdotes qui me reviennent de ces vingt-cinq années, certainement en raison de la mentalité des joueurs de squash. On se connaît tous ou presque, et l’ambiance, bien que compétitive, reste conviviale. J’ai bien rencontré deux ou trois « fêlés », dont un qui est sorti du court pour mettre un coup de tête à un spectateur, qui n’a toujours pas compris pourquoi. L’accès à quelques clubs posent encore des problèmes aux utilisateurs du GPS, par exemple Air France Lassy, La Défense ou Meudon. Je me souviens m'être laissé guider par un joueur, qui avait mis son pilotage automatique sur « La route de la forêt ». En haut de la côte, il me dit « je connais. » Une fois arrivé au club, il file aux vestiaires pour aller se préparer. Ayant un doute, j'étais dans le même temps allé voir les joueurs de l’équipe adverse, et je leur demande si on est bien à Meudon. Pas de bol, nous étions en fait à Chaville. Cette histoire poursuit encore son auteur… Pour le reste, je tiens toujours mon rôle de recruteur/entraîneur/formateur avec beaucoup de plaisir, et tant que mes jambes me permettront d’aller chercher quelques amorties (en partant du T), et que l’on voudra bien encore de moi, je continuerai ... »

 

À LA DÉCOUVERTE DE … ARITZ AZPEITIA

Son nom fleure bon le pays Basque. Quatre ans après ses débuts dans le squash, Aritz Azpeitia est déjà aux portes du top 100 national. Étonnant ? Pas forcément, quand l'on sait que cet ingénieur en aéronautique est multiple champion de France de frontenis (mariage du tennis et de la pelote basque). Nous sommes partis à la rencontre du joueur de Vincennes.

Son parcours sportif

« La pelote regroupe de nombreuses spécialités : on peut y jouer à la main, avec des raquettes en bois / tennis, des gants en osier, etc. J’ai commencé par jouer à la main nue et à la pala (raquette en bois), comme tous jeunes de la région. J’ai ensuite basculé vers le frontenis à l’âge de 12 ans. C’est rapidement devenu une passion, dans laquelle je me suis totalement investi. À ce jour, je compte 10 titres de champion de France senior, et 4 médailles internationales (trois de bronze et une d'argent décrochée récemment au Chili). La pelote est un sport d’équipe qui se joue à 2 contre 2, et toutes ces récompenses ont donc été partagées avec mes partenaires. »

Ses prochaines échéances

« Au frontenis, les compétitions internationales se déroulent tous les deux ans. La dernière Coupe du monde a eu lieu à Santiago du Chili en novembre 2016, et la prochaine échéance de disputera à Barcelone en octobre 2018. En ce qui me concerne, ma participation dépendra de la pré-sélection. Le championnat de France a lieu tous les ans, et nous aurons à cœur de défendre notre titre en fin de saison (lui et son partenaire au Biarritz Frontenis Club Alex Jany se sont imposés à domicile en juin dernier)» 

Parmi les meilleurs français en frontenis, Aritz Azpeitia utilise le squash pour se maintenir en forme - ici lors de la finale du championnat déparmental du Val-de-Marne contre Sohail Khan, et avec son partenaire Alex Jany (Crédits photo : US Créteil Squash, Alex Jany)

Son approche du squash

« Aujourd’hui, le squash reste pour moi un divertissement. Ce sport me permet de maintenir une forme physique acceptable et de conserver des sensations au niveau de la raquette. Il y a beaucoup de très bons joueurs en squash, et c’est toujours intéressant de se confronter à plus fort. Mes objectifs sont de progresser afin de remporter mes matches quand je joue pour Vincennes, et d'arriver en forme pour les prochaines échéances de frontenis. Je joue en moyenne deux fois par semaine. Je n’ai pas pris de cours jusqu'à maintenant, mais j’ai eu la chance d’évoluer dans des clubs où les joueurs m’ont donné de nombreux conseils (après une saison à Créteil, il joue depuis trois ans à Vincennes). Le squash est à la fois un sport tactique et mécanique, je pense donc que prendre des cours est un passage obligé si l'on souhaite atteindre un certain niveau. La fréquence d'entraînement est également primordiale, comme dans tous les sports. Comme je ne remplis par ces deux critères, mon jeu manque forcément de structure et de maîtrise. Mes qualités portent davantage sur ma combativité et mon esprit de gagneur. »

 

Retrouvez-nous mi-décembre pour un résumé de la première partie de la saison. En attendant, vous pouvez suivre tous les résultats et classements sur le site de la Ligue, et consulter les pages de certains clubs

Critérium hommes

Critérium femmes

Interentreprises

Go Team Montmartre 1

Montigny Squash Fans

US Créteil Squash

Squash Plessis-Trévise